2005

Les Passagers de Vent

Grand-Cachot - La Chaux-du-Milieu

Exposition Christine Aymon

26 juin – 14 août 2005

Les Passagers de Vent

Que faire quand tout, autour de soi, subit la violence des bouleversements, que les repères se perdent, que les rites de passage disparaissent ou ne font plus sens ; coquilles vides. Le changement en lui-même n’est pas en cause ; il fut même en de nombreux exemples facteur de survie. Mais que faire quand, dans ce tourbillon, on n’est pas sûr que l’essentiel subsiste… et quel essentiel d’ailleurs ? Qui le sait ?

Alors simplement je montre. C’est mon métier d’inviter le regard ; l’image comme arme silencieuse et pacifique, comme moyen d’action.

Mieux qu’aucun autre, ce lieu, tout à fait particulier qu’est la Ferme du Grand-Cachot (1503), en qui s’attache la magie du passé est scène idéale pour s’arrêter l’espace d’un instant sur notre présent. Il m’invitait à une installation bien spécifique.

Ainsi, avec ses cuisines et ses âtres, son écurie, sa petite chambre, sa cave et sa grange, comment ne pas l’habiter à nouveau ? L’habiter de gens et d’animaux qui chacun ont leur place. Alors, enfants, femme en espérance, mère allaitante, les générations mélangées se retrouvent autour des foyers, les chèvres réintègrent l’écurie, les dormeurs leur lit de feuilles et de rêves et là-haut, dans la grange, « les chats font les fous », soit : de drôles d’histoires se passent… et dans la cave aussi.  Jura : berceau de légendes.

Bref, une petite vie toute simple, toute « normale » inscrite dans le rythme du temps et, pour cette raison même, en décalage avec notre présent ordinaire où timing, shopping, agenda, courses folles, mille sollicitations nous tiraillent de tout sens… zapping de nos existences.

Mais, soyons clairs, nous ne sommes pas face à une reconstitution historique ou dans la pleine nostalgie du passé. Passé qui fut dur autant que maintenant la vie l’est, mais différemment.

Comme toujours dans mon travail, il y a un moment où la réalité dérape ; dérape et interroge, interroge « l’aujourd’hui », particulièrement en ces lieux, nous renvoie à nous-mêmes, à notre identité, celle de notre groupe et son appartenance à la notion du « chez soi » ou son absence dans l’errance.

Comme toujours l’image donnée à priori en cache d’autres, strates de différentes réalités, celles de chacune et chacun, lectures diverses à découvrir, confronter, partager.

Sur notre chemin, nous sommes tous passagers de la vie, Passagers de Vent… au Grand-Cachot.