2006
Mémoires traversières
Fondation L’Estrée, Ropraz
« Mémoires traversières »
Du 2 septembre au 3 octobre 2006
Les poissons nagent sous le sable
La foule marche sur l’eau
La clepsydre rythme le temps
Les mémoires se traversent, la tienne, la mienne
et celles venues d’ailleurs
Les rêves sont des cailloux enfouis, à pêcher
à remettre en lumière
avant de les laisser aller à nouveau dans l’oubli
Les traces de pas sont écritures de l’éphémère
Les gardiens de la terre et du temps veillent les ancêtres
La Reine Anapoaké interroge
Le Chœur qui entonne son chant de silence
Et le voyageur poursuit son chemin
S’envolent les 21 chevaux rouges du songe de Salika endormie
Intimités féminines, aspirations masculines
Tshall et Kirouic le cheval blanc
et la vie, la Vie à travers les âges,
à travers les lumières et le son
à travers ton cœur et ce qui est donné à voir
se fraye un chemin qui est le sien, le tien, le mien
Code secret, délire ou réalité ?
A vous de voir….
Graphisme de Robert Rausis
Dépose ton bagage et, l’espace d’un instant, laisse-toi glisser dans le rêve.
Au détour des images et des regards captés, aux croisements des mémoires, rencontre ton histoire.
Le visiteur se retrouvait devant un rideau sur lequel était projeté sa propre image filmée sur l'instant. Je peux vous dire qu'on ne se reconnait pas d'office, on ne s'attend pas à se retrouver là, dans l'exposition. Nous devions alors traverser cette portière, nous traverser nous-même, entrer en nous.
Traces éphémères chaque jour à naître, l’écriture du sable est le témoin de notre passage.
Chaque jour, matin et soir, le râteau me faisait comme une méditation, effacer, recommencer, tracer les lignes pour la nouvelle page à écrire.
Il était proposé au visiteur de chausser des sandales de bois, gravées sous la semelle et ainsi de laisser des traces bien particulières.
Sur l'eau, inlassablement ils marchent, s’avancent vers nous sans jamais nous atteindre.
Groupe de 13 sculptures de bois peint et textile
Dimensions environ : 700 x 350 x 200 cm
Projection vidéo sur les sculptures d'une foule en marche. Certains des personnages du film se calent dans le corps des sculptures donnant l'impression qu'elles avancent.
Sculpture de bois et carton moulé peint
Dimensions : 180 x 65 x 180 cm
Détail de la tête
Sculpture de bois peint et pas brûlé...! eh oui, beaucoup de mes travaux passent par le feu, mais dans cette pièce-là le feu est intérieur, figuré
Sa robe de soie sauvage fût tissée et teinte au noir de fumée par mes soins des années en arrière et cousue à la main en structures linéaires.
Dimensions : 180 x 40 x 33 cm
C'est dans la tension du regard qu'il me touche. C'est cette quête qu'il manifeste et qui nous habite et nous pousse à comprendre, toujours plus, toujours plus profondément l'être au milieu de l'univers. Et cette quête a quelque chose de dramatique aussi. A la fois enthousiasmante jusqu'à l'extase et désespérante tant parfois on se sent petit point au milieu des étoiles, tant parfois on n'y comprend rien.
C'est leur âme qui brûle dans la quête de « l'en-haut », c'est l'élastique tendu de la réalisation de « qui on est », près à se rompre par la tension.
Le jeu de l’artiste est de donner à voir ce qui se trouve dans cet invisible. Pêcher dans les profondeurs et offrir à lumière le contenu de son filet.
Les poissons étaient réellement cachés dans le sable, sauf un!
Le chercheur-pêcheur tombait alors soit sur ces mots d'autres avant lui, soit sur un poison...
Petit à petit le sable s'est chargé de pensées et de liens.
C'était beau de voir le plaisir de l'enfance ressurgir les mains dans le sable, cacher parfois, bien à l'abri des indiscrets, derrière « Les Passager de Vent ».
Dimensions par pièce environ : 36 x 17 x 10 cm
Ils avaient comme noms : Nothacanthe, Tarpon, St Pierre, Carpe, Pirate, Silure, Esturgeon...
Saluer les ancêtres, obligés de tout près les frôler, recevoir au-delà du temps, la force de la vie.
Guerriers à la frontière entre l'ici et l'autre côté ; leurs corps - cotte de mailles est aussi passage.
Quelle folie ! Maille après maille je crochète les heures d'insomnie...ça ne demande que patience et corne aux doigts...!
Il y a l'Ancien soit « L'Honorable » et le « Jeune»
Sculptures de bois peint et brûlé, fil de fer crocheté et une cloche de bois rapportée du Japon.
Dimensions : 190 x 50 x 35 cm et 180 x 53 x 35 cm
« Je suis né dans un monde qui commençait à ne plus vouloir entendre parler de la mort et qui est aujourd'hui parvenu à ses fins, sans comprendre qu'il s'est du coup condamné à ne plus entendre parler de la grâce » Christian Bobin
« Dans ce monde qui ne rêve que de beauté et de jeunesse, la mort ne peut plus venir qu'à la dérobée, comme un serviteur disgracieux que l'on ferait passer par l'office » Christian Bobin
« Sculpture de ciment, fibre, feuilles métallique, peinture
Dimensions : environ 10 x 18 x 20cm
Ils s'offrent à nous, tranquilles, d'un ailleurs si près pourtant. C'est ce qui me fascine avec les visages usés, marqués par tout le vécu dont ils sont porteurs et dont néanmoins, en l'âme, ils se sont dépouillés.
L'empreinte du temps, la mémoire des choses marquée sur la surface de la peau, ravaudée, élimée, écriture du temps...quand plus rien ne subsiste, que reste t-il ?
il y en a une longue haie, haie d'honneur...Leurs visages flottant à moins d'un mètre du sol, nous voilà inévitablement invités à nous incliner.
Revenant périodiquement les masques émaillent ma production au cours du temps. Parfois portables, parfois pour le théâtre, parfois justes sculptures, en bois, en ciment, en gaze moulée et brodée, en cuir, en carton moulé...ils m'accompagnent sur les chemins nomades de la création.
14 masques sont ici présents
Hommage à ceux qui furent et sans lesquels nous ne serions.
Comprendre le prix de la vie.
Oser le pousser, le toucher...tabou d'exposition qui nous ordonne de ne rien toucher. Non, là il faut même y mettre de la force...et nous entrons alors dans le « Cycle des Vies » fait de mères, de mères qui donnent la vie, d'enfants, et d'hommes, de tous âges.
Sculptures de bois peint, textile, carton moulé, foin
Dimensions : 128 x 70 x 110 cm
Livia montre un trésor à sa petite fille. Au début Sonia n'avait pas de fleur dans les cheveux. Mais un jour, une jeune fille la vit et la lui offrit...elle devint alors Sonia-Camélia.
Avec le temps, j'ai tout un monde de mères parmi mes personnages ; femmes enceintes, mère qui allaite, mère au bébé, mères et enfants, enfants accompagnés, enfants seuls...Quand j'étais jeune, je ne m'étais jamais intéressée à cet univers...pourtant, en mon for intérieur, il me semblait essentiel de vivre cette expérience pour comprendre mon humanité, ma condition de femme. Un jour, j'ai été prête.
Installation à l'Estrée
Des femmes de tous âges et leurs enfants.
Elle s'est séparée de sa Grand-mère et nous invite à écrire un mot que nous cacherons dans le sable, en bas au royaume des poissons.
Comment faire une sculpture qui dort ? Ô combien délicat ce moment où, façonnant son visage, il naît endormi et non pas mort...si proche...
Sculpture de bois, textile
Dimensions : 180 x 80 x 30 cm
Les personnages du « Chœur » 1996 veillent sur son sommeil.
S'envolent 21 chevaux
traversent l'espace et rejoignent « Kirouic» le grand cheval solaire. Il danse avec « Tshall » son ami d'homme. Il y a une femme et un homme qui tendent l'un à l'autre ; l'une le sait déjà, l'autre pas encore.
21 chevaux volants
bois ou carton moulé peints
Dimensions par pièce : environ 42 x 25 x 10 cm
21 chevaux volants. Ils partent du songe de « Salika », s'élèvent d'un étage et rejoignent « Tshall » et son cheval blanc.
Sculptures de bois et carton moulé peints, textile et fibres
Dimensions : 240 x 100 x 250 cm
D'autres chevaux se sont encore joints au cortège des 21, il y en a partout...!
Pour créer mes personnages, je sers de modèle. Pour comprendre le mouvement de l'intérieur, je le danse jusqu'à ce que je le sente, puis j'installe l'appareil de photo et je lance le mouvement. Ici, c'est avancer le pied en le frappant par terre et en même temps tendre le bras et le corps jusqu'à toucher le ciel, à la verticale...
Pour les visages, je cherche au ressenti à rassembler des images qui me donneraient la bonne émotion. Je m'entoure de ces photos ou parfois des moulages de plâtre de mon atelier. Et je commence...très vite, couverts de poussière, je les oublie, mais la sensation m'habite, je la laisse advenir.
Sculpture de bois et textile peints
Dimensions: 165 x 35 x 34 cm
Sculpture de bois peint, ardoises, carton moulé et terre du jardin
Dimensions : 100 x 50 x 70 m
Elle tient un homme dans ses mains. Au Japon j'étais fascinée par le geste de donner. Ils ne vous tendent pas l'objet d'une main, à bout de bras, non, les mains en coupe, bras fléchis comme pour une prière, buste un peu incliné, l'objet est offrande et le donneur humble. Ce respect me touche infiniment.
Christiane Singer avait ce geste pour le thé du matin...
Au fond de ton regard, je vois une part de moi, et je vois le monde.